L’industrie minière face au défi de l’innovation technologique

Aucune surprise ici, les minières doivent accroître leur productivité tout en respectant des standards de sécurité toujours plus stricts, en réduisant leur empreinte environnementale et en répondant aux attentes des communautés et investisseurs.

Dans ce contexte, les équipementiers et les contracteurs miniers jouent un rôle déterminant : ce sont eux qui conçoivent et déploient les équipements, logiciels et services indispensables aux opérations. Leurs projets d’amélioration font l’objet d’investissements majeurs, il serait absolument contre que les innovations technologiques introduites dans le secteur s’essoufflent et peine à s’adapter aux changements.

Outils incompatibles, systèmes difficiles à mettre à jour, dépendance excessive à un fournisseur… Ces écueils nuisent à la confiance et augmentent les coûts. Pour devenir de véritables partenaires stratégiques, les sous-traitants doivent viser la création d’outils technologiques durables qui résistent à l’obsolescence et s’inscrivent dans la durée.

Concevoir des technologies minières qui résistent à l’obsolescence

La durabilité technologique dans le secteur minier ne se limite pas à la robustesse matérielle d’un capteur ou à la fiabilité d’un logiciel. Elle implique la capacité de ces outils et équipements à évoluer avec le temps. Les meilleures pratiques de développement et de gestion démontrent qu’un outil durable doit être modulaire, interopérable et pensé dès le départ pour s’intégrer dans un environnement complexe. Il doit être capable d’absorber les évolutions réglementaires, de suivre l’arrivée de nouvelles normes de sécurité, de traiter des volumes croissants de données et de répondre à l’évolution des usages sur les sites miniers.

Pour les dirigeants des équipementiers et des contracteurs, cette approche représente un défi majeur : il ne s’agit pas uniquement de livrer un produit performant rapidement, mais d’accompagner les compagnies minières dans une logique partenariale de long terme.

Exemples d’applications concrètes dans les équipements miniers

Typiquement les systèmes de ventilation souterraine sont conçus pour des capacités de paramétrage limitées. Or, avec la montée de l’électrification et des nouvelles normes de santé-sécurité, les besoins en contrôle de la qualité de l’air et en ajustement du débit évoluent de façon importante. Un système pensé de manière durable intègre des capteurs modulaires, des commandes intelligentes et la possibilité de mise à jour logicielle. Surtout, il doit être conçu ou doit faciliter la collecter des données de performance (débit d’air, pression, consommation énergétique, etc.) afin de permettre l’analyser par IA des tendances, d’anticiper les défaillances et d’optimiser la disponibilité.

Cela en va de même pour les gearbox de convoyeurs par exemple. Ces équipements sont essentiels au transport du minerais et subissent une usure importante. Une conception durable privilégie une architecture modulaire, où les composants critiques peuvent être remplacés ou modernisés sans changer l’ensemble de l’unité. Mais la vraie valeur se trouve dans la donnée : capteurs de vibration, température, lubrification et charge doivent être intégrés pour créer un flux d’information continu. Une fois structurées, ces données peuvent être exploitées par l’IA pour déclencher une maintenance prédictive, éviter les arrêts non planifiés et prolonger la durée de vie de l’équipement.

Stratégies d’innovation d’équipements miniers

Pour les équipementiers, adopter une stratégie de durabilité technologique signifie revoir la façon dont les équipements sont conçus, déployés et supportés. La clé réside dans la capacité à concevoir les machines comme des sources de données intelligentes. Un équipement qui ne collecte pas et ne structure pas l’information perd une grande partie de sa valeur. À l’inverse, un équipement capable de générer des données exploitables devient un levier de compétitivité pour la minière et positionne le sous-traitant comme un partenaire stratégique.

Cette approche implique aussi d’investir dans des architectures ouvertes, capables d’échanger avec les systèmes existants (ERP, GMAO, plateformes d’analytique, etc.). Elle nécessite enfin un accompagnement constant : formation des équipes, mise à jour régulière des logiciels embarqués, support technique et stratégique adapté aux réalités du terrain.

Une feuille de route pragmatique pour la mise en œuvre

La transition vers des équipements durables et générateurs de données nécessite une feuille de route claire. Il est pertinent de commencer par un projet pilote ciblé, comme l’implantation d’un système de ventilation intelligent test dans une galerie souterraine. Ce pilote permet de démontrer que la collecte et l’analyse des données par IA réduisent réellement les arrêts, optimisent l’énergie et améliorent la sécurité.

Ensuite, les sous-traitants doivent mettre en place des programmes d’implantation de la solution afin que les équipes minières sachent interpréter les informations issues des capteurs et utiliser les recommandations liées. Enfin, une gouvernance solide doit être instaurée pour garantir la qualité et la sécurité des données, ainsi que la transparence des mises à jour et de la maintenance.

Compétitivité et durabilité

En concevant des équipements physiques capables non seulement de durer mais aussi de générer des données structurées, les sous-traitants offrent aux compagnies minières un double avantage : une meilleure disponibilité des actifs et une capacité d’anticipation renforcée grâce à l’IA. Cette approche transforme l’équipement en actif numérique, où chaque machine devient une source de valeur continue.

Les compagnies minières recherchent des partenaires fiables qui leur permettent de concilier productivité, sécurité et durabilité. Les sous-traitants capables de livrer des équipements évolutifs ne se contenteront pas de vendre des machines, ils contribueront directement à la performance globale et à la compétitivité de la mine.